Toutes les descriptions physiques fonctionnent de la même manière : il était blablablah, ou il se voit ainsi dans le miroir, tout ça. Dylan lui il s'en fout des miroirs. Il dit que le plus beau miroir c'est le regard d'une demoiselle. C'est un romantique, t'as vu. Et puis d'après lui, c'est avantageux, puisque les filles doivent lever les yeux pour le regarder. C'est ça de toiser le mètre soixante dix-huit. Alors il en profite, parce qu'il aime son physique, Dylan : il coiffe bien ses cheveux, soigne sa tenue d'une manière bien particulière. Et éclate tous ceux qui se foutent de sa gueule parce qu'il est roux. Il est brun-roux, d'abord, c'est pas tout à fait pareil. Comme ses yeux, ils sont entre le noisette et l'or, pas l'un ni l'autre. Dylan aime bien les mélanges de ce genre, ça rend les gens incertains et il se sent un peu supérieur. Il lui faut pas grand chose, ouais.
Il est pas comme ces mecs obsédés par leur muscles, non plus : lui, il s'en fout. Il en est pas dénué pourtant, parce qu'il aime bien le sport, et que ça a des consésquences. Mais de toute façon ça se voit pas trop quand il est habillé, forcément. Parce qu'il aime porter des vêtements un peu amples et au style débraillé. Dylan, tu pourrais lui faire porter un costard, qu'il y aurait toujours quelque chose qui le différencierait, une touche perso : genre la cravate de travers. Mais c'est fait exprès. C'est Dylan, quoi. | Dylan, tu vois, c'est le genre de type que tu remarques rapidement, parce que si tu ne vas pas le voir ce sera de toute façon lui qui viendra t'aborder, avec un sourire qui respire la joie de vivre. Même quand il déprime. C'est le type qui prend toujours tout à la légère : tu sais, celui qui garde l'air détendu en clamant que «Baaah, ça va aller !» quand toi tu crèves de trouille et de stress. Celui qui arrive à rire de truc qui n'ont normalement rien de drôle. C'est aussi le type qui tourne autour de toutes les filles, avec un sourire charmeur et des méthodes discutables. Le pire, c'est quand il a bu : là, il tourne autour de tout le monde, tous genres confondus. Parce que Dylan il aime tout le monde et il tient pas bien l'alcool.
C'est aussi le genre de type au caractère bien trempé. Celui qui, même s'il sourit tout le temps, peut s'énerver d'un coup et provoquer une vraie tempête autour de lui. C'est qu'en plus il est jaloux et susceptible, tu vois. En gros c'est pas très difficile de l'énerver. Le stresser, c'est mission impossible, mais l'énerver ça se fait en claquement de doigts. Il va aussi tenter de te casser la gueule si tu lui rappelles que lui, ça fait quand même quinze ans qu'il est coincé dans cet orphelinat. Il aime Sainte-Cecil, mais ça lui tape sur les nerfs quand même.
N'empêche que Dylan c'est quand même un type normal. Y'a des trucs qui le stressent, lui aussi, et des trucs qui le blessent. Assez pour qu'il te cogne pas en guise de défouloir, mais qu'il rumine ça une fois tout seul. | L'abandon est partout, même dans les contes. Tiens, prends Hansel et Gretel, par exemple : abandonnés en forêt par leurs parents. Le Petit Poucet, même principe. Dylan est un peu un héros de conte, lui aussi. Abandonné par ses parents quand il était petit. Mais pas dans le même contexte. Et quand on a deux ans et que nos parents ont purement et simplement disparu, c'est pas en semant des cailloux blancs sur notre chemin qu'on les retrouve.
Son sort a été vite réglé : après tout, qu'est-ce qu'on fait d'un môme d'à peine 24 mois à qui il ne reste pas de famille ? On le refourgue à qui voudra bien s'en occuper. Par chance, en ville, il y a un orphelinat. Parfait, non ? Alors on l'a envoyé là-bas. Hop, débarrassés. Sans se douter que la disparition des parents du petit Dylan, c'était que le début, et que la ville allait encore en compter plein dans les années à venir. Mais ça, Dylan s'en fiche. Petit, il a assez vite surmonté la disparition de ses parents : après tout, il ne les connaissait que depuis deux ans, haha. Et puis le personnel s'est bien occupé de lui. Même le vieux jouait le rôle de papa de substitution, des fois.
Mais ça, ça va bien quelques années. Tous les orphelins ont le même espoir, secrètement : qu'une gentille famille vienne et les emmène avec elle. Quand on a plus de parents on est comme des chiots dans la vitrine d'une animalerie. Mais Dylan n'aime pas jouer le chien, lui. Il reste naturel, et son fort caractère ne plaît pas assez. Personne ne veut de lui, quoi. Alors il reste là.
Et puis à force il devient trop vieux. C'est comme les animaux de compagnie, j'vous dit. Pourquoi ce sont des chiots qu'on vend ? Parce que c'est plus mignon. C'est plus vendeur. Une fois trop vieux, les chiens sont abandonnés au bord de la route. Dans les animaleries, les chiots qui ont trop grandis sont tout simplement retirés, parce qu'ils seront jamais vendus. Un orphelinat, c'est pareil. On ne s'intéresse pas aux grands. Alors Dylan reste là. Après tout, il s'en fiche, Sainte-Cecil c'est sa maison, les surveillants sa famille. Mais quand même ... |
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Dim 29 Déc - 22:58
